top of page

Sébastien Kessler,
le conseiller militant touche-à-tout

Notre personnalité inclusive du mois d'août

Sébastien Kessler

Il/He/lui

Associé-fondateur, bureau de conseil en accessibilité universelle id-Geo Sàrl (www.id-geo.ch)

Lausanne, Suisse

​

​

Touche-à-tout, Sébastien évolue dans plusieurs facettes de l’inclusion. En passant de l’entrepreneur au militant, il est vraiment une référence en la matière. Il partage son expérience riche et holistique de l’inclusion à travers son bureau-conseil en accessibilité universelle et ses implications politiques. Aujourd’hui, nous avons la chance d’en apprendre plus sur sa vision de l’inclusion.

 

Sébastien, parle-nous un peu de toi et de ton parcours.

D’abord, je crois que c’est important de savoir que j’ai un handicap visible, puisque je suis en fauteuil roulant. Mon parcours scolaire s’est déroulé de l’école spécialisée jusqu’au programme postgrade au Québec après deux masters en Suisse, pays où je ne suis pas né mais y habite depuis longtemps. J’ai pris ce cliché, comme une caricature au peu, du Suisse qui aime travailler et qui est très discipliné, et je le revisite aujourd’hui comme un facteur d’inclusion. Donc, je porte plusieurs chapeaux dans le domaine de l’inclusion : militant, employé, employeur, travailleur indépendant ou bénévole. Je touche à la politique aussi. J’aime avoir ce spectre, ça me permet d’être plus efficace et « importer » du savoir d’un domaine à un autre. J’ai co-fondé id-Geo pour offrir des services-conseils et de formations dans le domaine de l’inclusion en Suisse.

 

Cela étant dit, ma santé et mon corps ne me permettent plus de faire tout ce que je veux. Ce n’est plus comme quand j’avais 20 ans. J’aimerais que mon corps aille aussi vite que ma tête.

 

Qu'est-ce que l'inclusion signifie pour toi?

L’inclusion, ça signifie de pouvoir participer et être présent, pour tout le monde, partout et tout le temps. Ça signifie qu’il ne faut pas d’aménagement spécifique à réaliser, donc on ne se pose plus la question : « Est-ce que c’est accessible pour telle et telle personne ? ». Il faut que ça aille de soi. Qu'on n’ait pas à se dire qu'il y a des gens qui sont en fauteuil roulant, alors on doit installer une plateforme ou une rampe adaptée. En inclusion, on n’a pas besoin de le faire, parce que tout est déjà accessible pour tous.

Pour ça, il faut intégrer des experts et des gens concernés dès le départ. Il faut travailler ensemble, car il y a des choses qu’on ne peut pas savoir ou comprendre, si nous ne sommes pas concernés ou personnellement impliqués. On peut être féministe, qu’on soit homme ou qu’on soit femme, mais il y a des choses que les femmes peuvent subir comme discrimination qu’un homme, aussi féministe soit-il, ne subira jamais parce qu’il est un homme. C’est la même chose lorsqu’on travaille sur des projets inclusifs. Rien ne peut remplacer l’expérience de la personne concernée.

​

On dit que l’habit ne fait pas le moine, en fait c’est quand même vrai. À travers le statut que je donne mais aussi le look, comment je me présente, c’est clair que les comportements sont différents. Le spectre est large, ça peut être de la discrimination positive ou négative. On peut me dire que je suis comme tout le monde et je n’ai aucun droit ou privilège supplémentaire. On peut m’engueuler, me gronder comme tout le monde ou avoir de la pitié pour moi. Mais si je me mets une cravate et que je me présente dans un contexte politique, on me considère différemment.

​

Mais l’inclusion, c’est aussi mettre l’accent sur l’environnement, pas la personne. On n’a pas à devoir devenir quelqu’un d’autre. Chaque personne doit être comme elle est. Elle doit pouvoir avoir la possibilité d’aller à un concert de musique classique même si elle a des spasmes ou fait quelques bruits. Oui, il faut s’adapter aux codes sociaux, mais pas nous demander de nous transformer au-delà du raisonnable.

 

Quelles solutions facilitent tes déplacements, tes activités, tes loisirs, ta vie quotidienne ?
Parce que je suis en fauteuil roulant, c’est évidemment ce qui touche à l’information, aux horaires, aux lieux. Par exemple, pour un événement, un concert, un souper au restaurant, c’est très important de savoir si c’est accessible, à quelle heure ça va finir, est-ce que l’apéritif a lieu au même étage que le repas principal, est-ce qu’il y a seulement des tables hautes, est-ce que les toilettes sont accessibles, etc. C’est essentiel d’avoir accès à l’information. Si je vais dans un hôtel et que je dois louer un soulève-personne pour me mettre au lit, j’ai besoin de savoir s’il y a quinze centimètres de dégagement sous le lit pour placer le soulève-personne. Sinon, je dois déplacer le matelas tant bien que mal sur le sol et me coucher par terre puis me faire tirer, littéralement.

Comment ces solutions ont-elles un impact positif sur ta vie ?
C’est la participation sociale qui va être possible ou pas. Ça veut dire « exister », être présent, amener ses propres idées, échanger avec les gens, participer. Si je ne peux pas participer, je suis invisible. Plus je suis invisible, moins il y aura de changements positifs dans l’inclusion et dans l’acceptation du handicap et de la diversité au sens large dans la société. La participation sociale, c’est la présence publique, politique, scolaire, dans le sport, les loisirs, etc. On n’a pas besoin de parler de nos handicaps avec tout le monde, mais simplement en étant présent avec les gens on agrandit leur perspective.

Quelles solutions proposes-tu pour faciliter l’inclusion et la diversité ?
Un meilleur usage d’Internet, à travers les forums de pairs, pour rendre disponible une information très ciblée. Avec les forums, je trouve qu’on peut avoir des informations extrêmement précises, extrêmement ciblées, par exemple dans le tourisme accessible pour tous. Je pense que l’information à travers les pairs est quelque chose d’un peu dénigré, mais qui serait un meilleur usage d’Internet que la pléthore d’informations qui ne servent pas à grand-chose.

 

Je pense aussi à la sexualité des personnes handicapées. On dit toujours que c’est important et que tout le monde y a droit. On trouve une quantité d’articles sur le sujet. Quand on parle de sexualité et d’inclusion, je trouve que les forums sont une bonne ressource pour partager des informations très précises. Par exemple, avec une déficience donnée, quel est le meilleur jouet érotique, quelles sont les ressources que vous connaissez en langue des signes, en FALC.

Quel souhait aurais-tu en lien avec l’inclusion ?
Développer l’inclusion dans les domaines scolaire et politique. Il faut revoir l’approche inclusive avec la scolarité ordinaire, la formation générale sans oublier la formation continue. La politique doit être développée aussi. Voir l’inclusion ou la représentation des personnes en situation de handicap en tant qu’élus politiques. C’est normal que les élus représentent la population, dont les personnes d’origines étrangères, les femmes, les personnes jeunes et moins jeunes, avec un handicap visible ou pas, avec des niveaux de formation et de revenus différents.

 

Ce que je souhaiterais aussi, c’est que les décideurs se rendent compte que l’inclusion, et donc l’argent qu’on doit investir parfois, c’est utile à tout le monde. C’est quelque chose qu’ils n’ont pas compris, qu’ils n’arrivent pas à comprendre. Alors qu’en fait, concevoir des lieux inclusifs dès le départ, avec des experts et des personnes concernées, ça ne coûte pas tellement plus cher et ça va être ouvert à beaucoup plus de personnes que ceux qu’on dit être handicapés. Ça va améliorer finalement l’inclusion de tout le monde. Avec cette perspective-là, on se rend compte que ce n’est pas si cher payé.

Quelle personnalité inclusive apprécie tu particulièrement et pourquoi ?
J’ai eu de la misère à répondre à cette question et j’ai pensé finalement à mon associé, celui avec lequel je collabore le plus, qui lui n’est pas en situation d’handicap, mais qui fait avancer énormément l’inclusion. Avec notre troisième associé et notre bureau de conseil, cela fait 15 ans qu’on améliore l’inclusion de beaucoup de gens, très concrètement, mandat après mandat, client après client.

bottom of page