
Mathieu Lamarche
il/he/lui
Président chez Groupe GDI, Construction GDI et GoClico
Mathieu Lamarche, c’est un entrepreneur d’action constamment poussé par ses convictions inébranlables. Il s’est donné pour mission de construire des immeubles inclusifs et accessibles, avec la volonté de les rendre faciles d’accès à chaque personne qui en a besoin. Pour lui, l’inclusion, c’est non seulement physique, mais aussi financier. Il nous parle de son parcours, de ses certitudes, de sa vision de l’inclusion, qui nous fait tous réfléchir.
Mathieu, parle-nous un peu de toi et de ton parcours.
Je n’avais aucune expérience dans le domaine de la construction. Personne de ma famille n’était dans le domaine. Moi, j’étais analyste financier avant mon accident. J’ai aussi eu un groupe de musique, Redcore, on a fait beaucoup de spectacles. Et j’ai fait de la compétition de moto. J’ai eu un gros accident durant un événement, 3 motos me sont passées sur le corps et je m’en suis quand même sorti sans séquelles.
À l’époque où j’étais analyste financier, j’ai voulu faire une maîtrise en Europe. Mais c’est à ce moment-là que j’ai eu mon accident. Ça a tout changé de voir mes capacités physiques modifiées.
J’ai dû annuler ma maîtrise et j’ai passé 2 ans en réadaptation. Ça a vraiment été un défi de trouver un logement accessible. Ce que j’ai trouvé n’était vraiment pas terrible. Éventuellement, j’ai construit ma propre maison adaptée, comme je la voulais. Suite à ça, j’ai eu mon premier contrat pour la construction d’une maison adaptée unifamiliale à Saint-Jérôme. Depuis 10 ans, les projets ont quasiment doublé d’année en année. On a fait beaucoup d’erreurs, on a appris. Notre dernier projet, Terra Nova 2, a vraiment été rentable et efficace. Aujourd’hui, on a accès à plus de ressources et de partenaires, qui nous aident à réaliser à créer plus de logements inclusifs.
Qu'est-ce que l'inclusion signifie pour toi?
Ça fait en sorte que les milieux de vie sont facilement accessibles, de façon fluide pour les gens à mobilité réduite, mais aussi pour tous les autres. Ça n’implique pas juste de construire selon les codes, il faut que les espaces soient plaisants et agréables à utiliser. Quand c’est bien fait et bien intégré, les gens ne se rendent pas compte qu’ils sont dans un espace adapté. Je ne suis pas fan des installations accessibles, mais complexes, comme des escaliers avec des zigzags qui ne finissent plus. Il y a moyen de trouver une meilleure solution.
Tout le monde doit profiter de son milieu. Il ne faut pas que ce soit une coche que tu cases parce qu’on te l’exige, il faut que ce soit une valeur et une conviction que tout le monde partage. Spécialement dans ma compagnie, c’est fondamental. L’accessibilité, c’est comme une chaîne. S’il y a un détail qui cloche, tout devient inutilisable. C’est vraiment irritant quand tu te retrouves dans une situation où il y a des installations accessibles que tu ne peux pas utiliser parce qu’un détail a été négligé.
Par exemple, dans un projet, on s’est rendu compte qu’un seuil avait ½ pouce de haut. C’était irritant, c’était possible de passer avec un fauteuil, mais vraiment désagréable. Ce n’était pas à la hauteur de notre standard. On a tout défait pour le reconstruire. Ça nous a couté 10 000 $, mais c’était crucial qu’on le fasse. Les installations doivent être assez efficaces pour que les personnes à mobilités réduites puissent l’utiliser de façon autonome. Si quelqu’un nous tient la porte, on n’est plus autonome.
Quelles solutions proposes-tu pour faciliter l’inclusion et la diversité?
Mon auto adaptée. J’ai la chance d’être capable de conduire et ça me rend vraiment autonome au niveau des déplacements. C’est un gros plus. Surtout dans mon travail. Garder notre autonomie, ça fait toute la différence. Je ne veux pas être traité différemment des autres et je préfère ne pas dépendre de personne. C’est tellement plus simple.
Comment ces solutions ont-elles un impact positif dans ta vie?
Avoir une mobilité réduite, ça fait qu’on peut être dépendant des autres pour certaines choses. Mais plus on est autonome, plus on aime ça. Avoir la liberté de pouvoir partir, aller où je veux quand je veux. C’est rare dans mon cas que je ne peux pas aller où je veux… Ça me fait penser à l’enjeu des populations vieillissantes. Depuis la COVID, les gens veulent plus que jamais vieillir chez eux, ne pas aller dans les résidences de personnes âgées. Mais les logements accessibles pour ces gens-là sont de plus en plus difficiles à trouver. Avec le bassin de population vieillissante qui grandit continuellement, c’est pire que jamais. C’est important de poser des gestes pour les gens, au-delà des réglementations. De le faire parce qu’ils en ont besoin. Ce n’est pas toujours aussi simple, mais j’essaie toujours de travailler dans cette direction-là.
Quelles sont tes meilleures suggestions de solutions inclusives?
Tout le monde est sensible à l’inclusion. Quand on parle d’inclusion, je suggère de demander conseil aux personnes qui sont dans la situation ou à quelqu’un qui a de l’expertise dans le domaine, qui est vraiment au courant des réalités.
Il faut inculquer les valeurs d’inclusion dans les compagnies et qu’elles soient vraiment importantes. Il ne faut pas que ce soient des paroles en l’air. On décide qu’on va mettre tous les efforts pour y arriver et tout le monde impliqué doit être sur la même longueur d’onde. On ne fait pas les choses à moitié.
Quel souhait aurais-tu en lien avec l'inclusion?
La crise du logement, c’est grave. C’était difficile de trouver des logements adaptés avant et ça s’empire de jour en jour. Il faudrait vraiment que le gouvernement prenne des initiatives sérieuses, concrètes pour offrir des logements vraiment abordables aux gens à faibles revenus. Il faut aussi offrir une partie de ces logements exclusivement pour des personnes à mobilité réduite qui sont aussi restreintes financièrement.
Personne ne se bat pour ces gens-là. J’ai le souhait de faire un ou plusieurs immeubles en coopérative, où le promoteur et l’entrepreneur en construction ne font pas de profit. Ça permet de créer des logements plus abordables. Si en plus les villes participent en aidant à l’accès aux terrains, ça devient encore plus abordable. Malheureusement, la rentabilité joue beaucoup dans la balance. Mais je suis convaincu que si on change les mentalités, c’est possible de le faire.
Sans hébergement social, on s’en va vers un mur. Nos logements étaient surtout occupés par des personnes âgées, mais on voit de plus en plus de gens dans la vingtaine s’y installer. Le bassin de gens qui en ont besoin continue toujours de grandir. Les gens qui ont moins de moyens ne peuvent plus se permettre d’acheter des maisons ou des immeubles. On ne peut plus niaiser. Il faut changer. Le logement social, c’est essentiel.
Qui est pour toi une personnalité inclusive et dont tu aimerais souligner l’apport?
Elon Musk, il réalise des projets sans penser à la rentabilité. Il travaille par conviction et ça paye éventuellement. Les voitures autonomes sur lesquelles il travaille vont être un gros plus pour ceux qui ne peuvent pas conduire. Il y a aussi son projet Neuralink, qui pourrait donner ou redonner la capacité à certaines personnes d’utiliser un ordinateur. C’est un immense plus pour l’autonomie ça.
Nous, on va faire des immeubles accessibles, faire moins d’argent, mais on va continuer d’intégrer l’inclusion le mieux possible. Si tu es concentré sur la qualité avant tout, ça finit par payer. C’est la vision d’Elon Musk. La mienne aussi.
« L'inclusion, ça fait en sorte que les milieux de vie sont facilement accessibles, de façon fluide pour les gens à mobilité réduite, mais aussi pour tous les autres. »
- Mathieu Lamarche